vendredi 19 février 2010

Un dromadaire sur l'épaule: Vladivostok, le bout du monde russe

Série de reportages radiophoniques diffusée à la Radio Suisse Romande (RSR), à l'émission Un Dromadaire sur l'épaule, du 1 au 5 février 2010.

Vladivostok: le bout du monde russe (intro)

Frédérick Lavoie part à la rencontre des habitants de Vladivostok, une ville portuaire profondément russe en territoire asiatique.

«Vladivostok, c'est loin, mais c'est tout de même notre ville», dit la citation de Lénine en face de la gare ferroviaire. Le révolutionnaire communiste n'aurait pas pu mieux dire.

Ville stratégique fermée aux étrangers et aux Russes non-résidents durant toute la période soviétique, les influences asiatiques demeurent superficielles à Vladivostok.

Les voitures y sont certes japonaises, les raviolis coréens, les vêtements chinois, mais la ville de 500 000 habitants a la mentalité russe bien ancrée. Pur résultat d'un empire fortement centralisé, de l'époque tsariste à aujourd'hui en passant par la période soviétique. L'Asie pour les affaires, l'Europe pour la culture.

Comme à Moscou, Saint-Pétersbourg ou Kaliningrad, les nationalistes y mènent la vie dure aux travailleurs migrants venus de l'Asie centrale post-soviétique, tout comme les entrepreneurs sans scrupules qui profitent d'un système corrompu pour escroquer ceux en situation irrégulière.

Chez le «maître de l'Orient» (Vladivostok, en russe), les simples citoyens se plaignent de la cherté des produits, des salaires bas et de la bureaucratie, dans un russe qui diffère très peu de celui de leurs compatriotes moscovites, à 6 400 km et sept fuseaux horaires plus à l'ouest.

Lundi 01 février 2010:
Matriarcat à la russe (1/5) (à écouter ou télécharger ici)

En Russie, près du tiers des familles n'ont pas de père. La femme russe, forte, a appris à se débrouiller par elle-même.

Autour d'une table bien garnie, Alissa célèbre ses 16 ans avec sa mère séparée, sa grand-mère veuve, sa cousine et sa tante. Ces femmes partagent avec nous leur vision des traditions russes, de leurs amours, des hommes et de la vie quotidienne.

La mère d'Alissa, Ianna, nous emmène ensuite au gymnase, pour son entraînement de boxe. Entre deux coups de poing, elle parle de la place des femmes dans la société russe.

Invitée: Larisa Zakharova, du Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen.
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Mardi 2 février 2010
L'île de 20 milliards (2/5) (à écouter ou télécharger ici)

Avant, on n'avait pas besoin de plaque d'immatriculation pour circuler sur l'Île Roussky. À 30 minutes en ferry de Vladivostok, l'île quasi déserte était le paradis des vacanciers et de ses quelque 5000 habitants. Jusqu'à ce que la civilisation décide de s'y installer avec ses grands sabots.

Depuis juin 2009, les camions et les bétonnières y roulent bruyamment. D'ici deux ans, un pont reliera l'île à la terre ferme, des milliers d'étudiants viendront s'instruire dans son université flambant neuve et les gens d'affaires auront un centre de congrès et une piste d'atterrissage pour leur hélicoptère.

En tout, 20 milliards de francs seront investis sur l'île en prévision du sommet de trois jours des 21 leaders de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), prévu pour l'automne 2012.

Quelque 4000 travailleurs, en bonne partie venus des ex-républiques soviétiques d'Asie centrale y travaillent d'arrache-pied pour respecter l'échéancier. Mais comme sur plusieurs chantiers de construction en Russie, ils ne sont pas à l'abri des patrons véreux.

Comme Micha le Kirghize, qui se plaint discrètement des conditions de vie misérables sur l'île et de son salaire impayé depuis trois mois.

Invitée: Amandine Regamey, Chercheur associé au CERCEC, Maître de conférences à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne. ***

Mercredi 3 février 2010
La Ruchine (3/5)
(à écouter ou télécharger ici)

La rumeur semble farfelue, mais revient sur toutes les lèvres: «Moscou veut vendre Vladivostok aux Chinois!» répètent les Russes de l'Extrême-Orient, qui pensent que la capitale européenne est prête à les trahir pour quelques kopecks.

Formellement, Vladivostok n'appartient pas aux Chinois. Mais dans les marchés de la ville, ils y sont maîtres, employant quelques vendeurs russes à titre figuratif pour se conformer aux lois.

Dans les universités de Vladivostok, des centaines de Chinois étudient la langue de Dostoïevski, comme Dima, qui rêve d'épouser une grande blonde et de devenir un prospère homme d'affaires.

L'étudiant nous fait découvrir un marché de Vladivostok au nom incertain (Lougovaïa pour certains, Sportivnaïa pour d'autres) et ses compatriotes venus déployer les tentacules du capitalisme à la chinoise sur la terre russe.

Invité: Sébastien Colin, Maître de conférence à l'Institut national des langues et civilisations orientales.
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Jeudi 4 février 2010
Au foot avec les néonazis (4/5)
(à écouter ou télécharger ici)

Quelle est l'activité préférée des néo-nazis russes? Le foot, évidemment. C'est en bottant un ballon rond que des jeunes nationalistes ont bien voulu nous expliquer leur philosophie raciste et xénophobe, largement tolérée en Russie. Selon un récent sondage, 54% de la population du pays appuie le slogan «La Russie aux Russes».

Les jeunes sympathisants de l'Union des slaves d'Extrême-Orient organisent à l'occasion des matchs amicaux de football pour «maintenir un mode de vie sain» et assurer une «bonne descendance» à la race slave.

Alors que leur leader est en procès pour propagande de haine raciale, les militants racontent en quoi l'immigration menace à leur avis l'avenir de leur pays, et ce qui pousse certains d'entre eux à agresser des travailleurs migrants dans la rue.

Dans un café de Vladivostok, le lendemain du match, Vlad, tout sourire, défend l'idéologie hitlérienne.

En 2009, plus de 55 personnes ont été tuées en Russie - dont une à Vladivostok - et 299 blessées dans des attaques à caractère raciste.

Invitée: Sacha Koulaeva, responsable du programme Europe de l'Est et Asie centrale à la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH) ***

Vendredi 5 février 2010
La chasse aux faits divers (5/5) (à écouter ou télécharger ici)

À bord de leur minifourgonnette, Maksim et Vova parcourent Vladivostok jour et nuit, traquant les accidents de voitures, les incendies et les arrestations spectaculaires.

Le journaliste et le caméraman de l'émission «Avtopatroul» («Auto-patrouille») font équipe pour des rondes de 24 heures, rivés au récepteur radio transmettant les conversations des policiers, pompiers et autres autorités.

Entre trois véhicules emboutis et un ivrogne étendu au milieu de la rue principale de Vladivostok après avoir été happé par une voiture en délit de fuite, Maksim et Vova nous parlent de leurs passions et de leurs défis professionnels et personnels.

Dimanche 7 février 2010: Morceaux choisis
(à écouter ou télécharger ici)

1 commentaire:

Martin PM a dit...

J'ai écouté la première émission. Très intéressant. Merci de faire ces reportages en profondeur.